La notion d'amour en Arctique
Il est de saison d’aborder la notion ancestrale du couple dans ces populations au mode de vie si particulier...
Bien entendu, de nos jours, et avec l’implantation massive du Christianisme, les couples se forment librement, et les mariages ressemblent fortement à ceux que l’on peut rencontrer chez nous !
Traditionnellement :
Initialement, le mariage chez les Inuit était complètement différent de tout ce que nous pouvons connaitre. Tout d’abord, il ne se présentait pas sous la forme d’un acte administratif, d’autant plus que pendant longtemps les Inuit ont fonctionné sur un mode de communication et de transmission orales principalement.
Remontons le temps, et partons dans le grand Nord au milieu de la glace, dans une petite communauté Inuit au nord du Groenland... L’homme et la femme ont une fonction bien spécifique, l’homme se doit de chasser, la femme de le préparer, que ce soit au quotidien ou dans la fabrication des vêtements de chasse. Cette organisation garantit la survie de tous par une répartition organisée des tâches. N’oublions pas que partir en chasse, c’est aussi prendre le risque de perdre la vie !
Les villages sont petits, les communications avec les populations environnantes sont difficiles voir quasi-inexistantes.
Chacun a besoin de l’autre pour survivre, il est important que le groupe soit une priorité sur l’individualisme. Les « mariages » sont alors vus de cette manière : un arrangement, une façon de se compléter pour assurer sa survie physique.
Parfois les mariages sont arrangés avant même la naissance, et la promesse de mariage a lieu au moment de la naissance, avec la confirmation du sexe de l’enfant nouveau-né. Le mariage permet une alliance entre les deux familles, une alliance avec un intérêt principalement économique (un fort potentiel à la chasse est un très bon atout par exemple !).
La mortalité féminine étant plus importante, les hommes sont alors très tôt en recherche d’une partenaire qui serait enjouée (et oui, cet argument est très important pour égayer la vie dans ces conditions extrêmes !), jolie, et dynamique. Précisons que la notion de beauté ne comprend pas uniquement l’aspect physique, être beau, c’est entre autre, être quelqu’un de bon.
Dès l’âge de 14 ans les femmes peuvent se marier, les garçons devront attendre d’avoir appris à chasser tout type d’animal afin de pouvoir immédiatement répondre aux besoins de sa famille nouvellement fondée. Du coup, l’homme se marie rarement avant l’âge de 20ans.
Malgré une union assez jeune, les femmes ne tombent souvent enceintes que vers l’âge de 18 ans.
Afin d’éviter les conséquences d’une trop grande consanguinité, il est d’usage de pratiquer l’exogamie qui consiste en le fait de devoir choisir pour conjoint (e) une personne d’un autre village. De la même façon, il est tacitement interdit de s’unir à un parent ou cousin, jusqu’au 3ème degré. Grace à cela, la consanguinité chez les Inuit est presque 10fois inférieure à celle d’autres tribus autochtones du globe.
Le mariage :
Il a souvent lieu au printemps, au moment où la jeune femme est visiblement enceinte. En effet, les femmes Inuits ont fréquemment développé une aménorrhée hivernale ce qui permet d’accoucher à la meilleure saison. C’est donc au printemps que commence à se voir la grossesse, grande fierté du mari.
Pour célébrer leur union, les époux partent en traineau pour s’installer plusieurs semaines dans une tente à l’écart avant de revenir vivre chez le père de la mariée. L’époux « achètera » sa femme pendant 1 à 2 années en rendant service à son beau-père.
La tradition ancestrale voulait que l’époux kidnappe sa promise, que celle-ci se débatte même si elle souhaitait le mariage, et que l’homme l’emmène hors du village pendant quelques jours avant de revenir ensemble, ainsi officiellement mariés !
Dans l’intimité :
Pas de baisers sur la bouche, en public ou dans le privé, ceci est très mal perçu et ne se fait donc pas. Le très connu « frottage de nez » est monnaie courante. Les Inuits sont d’un naturel très pudique en ce qui concerne la démonstration de leurs sentiments et des marques d’affection. La femme se réserve à son futur époux, les ébats amoureux sont très discrets, d’autant plus à cause de la promiscuité au sein de l’igloo.
Il n’est pas rare que lors du premier rapport entre époux, l’homme n’osant pas aborder sa femme, il commence en premier lieu par la frapper avant de pouvoir enfin arriver à débuter le rapport amoureux en lui-même !
Malgré toute cette réserve et ce peu d’expressivité, il est de coutume de vivre nu au sein des igloos (régulièrement surchauffés), et ce, même au milieu des allées et venues des visiteurs ! Pas de tabou chez les Inuit. Les Igloos sont un peu comme « entrée libre », nul besoin d’attendre l’accord du maître des lieux pour entrer !
La vie des mariés :
On pourrait parler les relations homme / femme pendant longtemps, ainsi que de l’éducation des enfants, mais ceci fera l’objet d’un prochain article, centrons nous sur le mariage pour l'instant !
La monogamie est d’usage. Cependant, étant donné que le « groupe » passe en priorité et que l’union est faite par soucis de survie, il n’est pas rare que le couple s’autorise des moments privilégiés avec une autre personne. L’important est que la femme puisse assurer le quotidien de son foyer, et qu’au cours de l’adultère, seul le don du corps ait lieu, pas le don des émotions. Il est une croyance qui dit que lors de rapports occasionnels, la femme ne peut tomber enceinte.
« La famille, cellule de base, n’est qu’une commodité de regroupement toute provisoire… Chacun des conjoints appartient au groupe et il est bon, dans un esprit d’unité politique, que le couple soit de temps à autre cassé ! »
Les époux sont d’une grande sincérité l’un envers l’autre, les épreuves de la vie ayant cimenté le couple, le conjoint est informé et donne son accord pour un « prêt » occasionnel de femme, si c’est ce qu’elle souhaite !
Dans le même sens, l’échange d’épouses est fréquent afin de lutter contre la stérilité, la consanguinité et surtout, pour unir des amitiés ou célébrer des moments heureux pour l’ensemble du groupe. Cet échange ne peut dépasser 2 ans.
Par ailleurs, il n’est pas rare de voir un groupe se retrouver, éteindre les lampes à huiles et s’adonner au plaisir charnel avec la personne qui se trouve là, même si ce n’est pas son conjoint(e) !!! C'est ce que l'on appelle "le jeu des lumières", encore pratiqué de nos jours dans certains villages reculés du Groenland !
Pour finir, l’homme et la femme Inuit se disputent rarement mais lorsque cela arrive, cela peut prendre une forme de grande violence pour nous les occidentaux : femme tirée par les cheveux et frappée hors de l’igloo. Néanmoins, leur union est sincère et emplie d’un grand amour, en toute humilité, avec un grand respect de l’autre.
...Joyeuse Saint Valentin !
Et pour une immersion plus complète, voici une petite vidéo de chant de mariage Inuit :
Sources :
Livre " Les derniers rois de Thulé " de Jean Malaurie
http://www.gitpa.org/Peuple%20GITPA%20500/gitpa500-0-INUITfiche.pdf
http://www.regards.fr/acces-payant/archives-web/les-inuit-et-le-raffinement-des,5484
http://inuits.collegemv.qc.ca/etudiants/travail_amanda.pdf
http://jeanlouisetienne.com/poleairship/images/encyclo/imprimer/33.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythologie_inuite
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