Jour 9 : Kangerluarsuk Tulleq

Jour 9 : Vendredi 2 Septembre

REPOS !!!

Vers 5h ce matin, alors que nous sommes en plein sommeil, Franck et Yolanda qui étaient déjà partis, reviennent précipitamment dans la hutte et nous réveillent, affolés en criant : "IT'S SNOWING, all the night !!!"

Emmitouflées dans nos duvets, nous ouvrons les yeux et attendons que la nouvelle suscite moins d'agitation ! 

Nos amis sont plutot inquiets de la capacité à pouvoir suivre la route sous la neige...

Il faut dire aussi que leur ferry part dans 3 jours (pour la baie de Disko, Illulisat, un peu + au Nord) et qu'ils ont donc peu de marge pour atteindre Sisimiut...

Première inspection extérieure : oui, il y a un peu de neige, mais il est tôt , recouchons nous, on verra plus tard !

 

Au second lever, vers 9h (!), la neige a un peu fondu, Franck et Yolanda ne sont pas réapparus, nos 3 autres amis dorment toujours sous leur tente enneigée, et nous croisons un belge, qui fait le trek dans l'autre sens ! Ce dernier nous informe que la météo à l'aéroport de Sisimiut prévoit un meilleur temps pour les jours à venir, et principalement demain.

Du coup, c'est décidé, nous restons ici aujourd'hui !

On n'a pas trop à culpabiliser, après tout on ne s'est encore octroyé aucune journée de repos jusqu'à aujourd'hui !

Et il reste seulement 20 petits kilomètres (sur 170 !) jusuqu'à la ville, rappelons-le !

Nos trois compagnons allemands choississent de poursuivre leur route, ils ont leur avion 1 jour plus tôt que nous.

Nous profitons donc de ce temps libre pour prendre des photos, recharger les batteries, faire quelques jeux, étendre nos affaires, et faire du gras !!!

Mais c'est aussi l'heure du bilan.

Nous repensons à toutes ces impressions, à tout ce qui a marqué notre séjour depuis notre arrivée. Ce qui nous a le plus frappé dès le départ, ce fut les ossements tout le long du trajet...

Les ossements :

Il y a de très nombreux squelettes d'animaux qui jonchent le sol et qui nous ont bien interpellées !

Ces animaux sont-ils morts de vieillesse, abattus lors de la chasse, tués par leurs prédateurs ? Toutes les idées nous sont venues et nous sommes restés sans obtenir de réelle réponse.

Au premier abord, cela donne une atmosphère un peu glauque ... Et puis au fil des jours de marche, ces ossements finissent par faire partie du paysage ! 

En fait, ce sont certainement des morts naturelles, c'est juste que chez nous, on n'a pas l'habitude de voir les ossements, rien n'étant jamais laissé en l'état.

 Le silence : 

Le silence a également rythmé nos journées, avec cette impression d'imensité, d'une nouvelle dimension, de repos, d'introspection possible, de calme et de sérénité, etc ... ! 

C'est lorsqu'il n'y a pas un bruit, pas un son, à peine le bruit feutré du vent ou de la pluie, que nous nous rendons compte que nous sommes vraiment proches du cercle polaire. Jamais, même au plus haut de la montagne, nous n'avions ressenti et vécu un tel silence. C'est vraiment impressionnant !

Le fait de ne croiser que peu de personnes y a largement contribué !  Ceci a donné aux paysages un caractère encore plus féérique et insaisissable...

Bien contentes d'être parties à la fin de la saison, la plus déserte !

  Nos capacités physiques : 

Tout en étant de bonnes marcheuses et avec un peu d'entrainement, nous nous sommes tout de même bien étonnées pendant ce trek ! En effet, la veille de l'arrivée à Sisimiut, on se rend compte que nous avons tout de même bien assuré !

Que ce soit en terme d'endurance, de campement, de gestion des denrées, d'orientation, de rythme... On s'en est plutôt pas mal sorti du tout !

On a vraiment perçu ça quand nous avons rejoint pour la première fois les 3 allemands partis 2 jours avant nous de Kangerlussuaq, puisqu'ils avaient pris un taxi pour la première portion du trajet, et utilisé le canoë pour traverser le lac.

Il faut dire que nous avons bien mené la cadence pendant au moins la première moitié du trek, pour être sûre que niveau timing ça collerait avec l'avion du retour.

Et au final, non seulement nous sommes dans les temps, mais en plus on peut largement se permettre une petite journée de repos !

Il faut l'avouer, nous sommes tout de même fières de nous!! (Un peu de modestie ne fait pas de mal !)

Un brin d'écologie ! 

Beaucoup de surprise tout de même en trouvant des déchets un peu partout, et notamment dans les huttes (comme si les poubelles étaient ramassées à 100km de la ville, à pieds...), et surtout à proximité des villes de départ et d'arrivée... Les personnes ne vident pas forcément les sanitaires dans les huttes, laissant une odeur nauséabonde et une vision peu agréable... Il y a ceux qui prennent le parti d'aller à l'extérieur et qui n'enfouissent pas leurs besoins et laissent le papier WC au milieu de la flore...

On prend pleinement conscience qu'un sachet de nourriture lyophilisée sera un sachet à garder sur soi jusqu'à la fin du trek !  Le cumul de tous nos déchets nous oblige à consommer utile et pratique ! Nous trions spontanément ce que nous allons pouvoir bruler du reste.

La gestion de l'eau aussi... Comme dans les huttes nous n'avons que des bidons pour tous nos gestes quotidiens (lavage, alimentation, etc...) nous rationnons un maximum pour ne pas cumuler les aller-retour à la rivière, alors que nous sommes bien au sec !

Un peu de regret également  lorsqu'il faut faire des détours à causes des sentiers complètement inondés, et que notre passage laissera donc des traces, même minimes.... Quand toutes ces rigoles ont été façonnées de façon involontaire par le passage de tous ces trekkeurs...

La flore est tellement petite et rare que nous pretons vraiment attention à ne pas détruire les petites fleurs, ces "survivor" ! 

Les livres d'or et les huttes :

Ces huttes, souvent très bien entretenues et parfaitement étanches, nous ont apporté un grand confort en ces temps très très humides ! Nous sommes tombées d'accord que le trek n'aurait pas été aussi agréable si nous n'avions pas pu dormir quelques nuits un peu au sec ! En même temps, nous ne regrettons pas tous ces jours de pluie qui nous font d'autant plus apprécier le caractère inhabituel de ce séjour !

Si nous n'avions pas eu la pluie, nous aurions eu les moustiques, ces voraces ! Les livres d'or le témoignent, ici c'est pluie ou moustiques !!! De bons moments chaque soir à la lecture de ces livres d'or ! Des perles rares et des instants vécus, tout comme nous mais quelques jours, mois, années auparavant ! Nous n'avons trouvé que 3 groupes de français qui ont laissé un petit mot, dont certains plutot humoristiques ! La grosse majorité des trekkeurs venaient d'allemagne (ce qui n'est pas étonnant, vu la composition de nos compagnons de route !!!).

Certains visiteurs ont écrit en Inuit, beaucoup en anglais, les origines étant très variées pour les autres !

Bref, le soir venu, on décide de se coucher tôt pour partir de bonne heure le lendemain, pour notre ultime journée de marche !

Mais à notre grande surprise, on est rejoint par un anglais, qui vient de Sisimiut, et qui, manifestement à un grand besoin de parler ! Décidément nous n'aurons pas la cabane pour nous toutes seules ! 

Quand on pense qu'en partant de France on croyait ne croiser personne !

En réalité, entre le groupe de trekkeurs du début, Frank et Yolanda, les 5 allemands, l'autrichien, 2 tchèques, 1 belge, et maintenant 1 anglais, ça en fait du monde !!!

>Suite : Jour 10 : Kangerluarsuk Tulleq - Sisimiut